Le 'Shadow Banking' atteint 128 milliards d'euros en Belgique
Le rapport publié récemment par la Banque nationale de Belgique (BNB) et l’Autorité des services et marchés financiers (FSMA)-qui régule le marché de services financiers comme les plateformes de crowdlending ou de crowdfunding immobilier- indique que le total des activités de crédit en dehors du cadre bancaire traditionnel s’élevait fin 2016 à 128 milliards d’euros en Belgique.
Cette étude montre également une évolution vers un système financier dans lequel l’intermédiation financière s’opère de plus en plus en dehors du secteur bancaire. Cette finance de l'ombre ne cesse de grossir ces dernières années et les autorités peinent à estimer les risques liés à cette finance peu réglementée et peu transparente.
Un phénomène mondial
Contrairement aux acteurs bancaires classiques, ces banques de l’ombre ne proposent que du crédit, n’accueillent pas de dépôts de leur clientèle et ne sont pas régulées par les banques centrales ni les Etats.
Ce sont donc des intermédiaires en dehors du système classique mais qui participent de plus en plus activement au financement de l’économie mondiale. Un réel sujet de préoccupation pour la Banque Centrale Européenne, puisque certains acteurs échappent aux mesures de contrôles visant à limiter une hausse des crédits sur les marchés.
L'essentiel des opérations est à ce jour réalisé aux États-Unis, en zone euro et au Royaume-Uni, mais les pays émergents enregistre un spectaculaire rattrapage ces dernières années. Les inquiétudes, depuis plusieurs mois, sont particulièrement tournées vers la Chine. En effet les crédits liés au « shadow banking » dans cette zone ont atteints ces derniers mois des montants records.
Le "shadow banking" regroupe tout un ensemble d'activités non-bancaires assez large qui va des hedge funds aux fonds de private equity en passant par le crédit entre entreprises, le crowdfunding, sans oublier le crédit à la consommation.
Un système en vases communicants
Un des aspects les plus préoccupants ce sont les connexions entre les banques traditionnelles et celles de l’ombre. En effet, certaines entités deviennent porteuses de risques bancaires sans être réglementés comme des banques. Et pour les établissements bancaires traditionnels cela résume à prendre de plus gros risques sur les marchés financiers.
Pour se refinancer, un établissement bancaire peut en effet se tourner vers des acteurs du « shadow banking ». Il peut regrouper ainsi une partie des crédits accordés dans une structure dédiée dont il revend ensuite des parts sur les marchés. Cet argent fraichement levé grâce à ce processus permet ainsi à cet acteur bancaire d’accorder à nouveau d’autres prêts. De leur côté, les investisseurs de cette opération deviennent des prêteurs indirects de cette économie, en échange d’intérêts versés régulièrement. Et eux-mêmes, en faisant appel aux banques ou à d’autres investisseurs pour lever les fonds nécessaires à l’acquisition de cette dette, alimentent ainsi un vaste système de vases communicants. Un système qui tourne sans arrêt…
Des transactions toujours en plus grand nombre, des montages financiers toujours plus complexes et une dispersion géographique des intervenants rend de plus en plus difficile d'estimer réellement les risques. On sait pourtant déjà que des opérations avec des montages de refinancements complexes ont déjà perturbé le fonctionnement de plusieurs marchés.
Pas illégal mais…
Le « Shadow Banking » n’est pourtant pas une pratique illégale et ne serait pas forcément dangereuse pour l’économie. C’est aussi une réelle alternative au financement bancaire classique qui permet de remettre en cause un monopole en créant une vraie concurrence.
Il faut garder en tête que cette pratique non régulée pourrait avoir des répercutions graves sur le système économique mondial en cas de crise, comme ce fut le cas en 2008. Or, le poids de ce « Shadow Banking », en dépit des réformes engagées par le G20 après la crise financière de 2008, ne cesse d’augmenter et a atteint 92.000 milliards de dollars à fin 2015, un niveau bien supérieur à la crise de 2008, en proportion du PIB mondial.