Est-on face à krach du marché obligataire ?

Les investisseurs doivent faire face actuellement à une récente accélération de la hausse des taux d'intérêt sur le marché obligataire. Depuis plusieurs mois les taux d’intérêt ne cessent de grimper sur fond de hausse de l’inflation accompagnés de politiques monétaires de plus en plus strictes. Est-on en train de vivre un krach obligataire ? Les raisons du pourquoi ce scénario pourrait bien être d’actualité.

Mobilisation des banques centrales en réponse à la crise sanitaire

En mars 2020, pour contre le covid faire et à ses possibles conséquences sur la croissance, les banques centrales se sont mobilisées comme jamais. Conséquence : la récession économique a été contenue. Mais à l'inverse, les bilans des banques centrales se sont envolés :

  • Le bilan de la Réserve Fédérale Américaine (FED) est passé de près de 4000 milliards en mars 2020 à plus de 8500 milliards $ en avril 2022.
  • Le bilan de la Banque Centrale Européen (BCE) - sur la même période - est passé de 4700 milliards € à plus de 8700 milliards €.

Avec les vaccins et une reprise dynamique de l’activité économique, les banques centrales ont pourtant décidé de formaliser cette politique monétaire, bien que les chiffres de l’inflation repartaient fortement à la hausse.

Le revirement des banques centrales

La FED a annoncé, fin 2021, la fin de ses plans d’achat d’actifs obligataires et anticipait une possible remontée des taux d'intérêts. La BCE a  suivi et fait les mêmes annonces.

Ce revirement à alors provoqué une forte correction des actifs obligataires. L'année 2021 enregistre donc, suite à ses prises de décisions, sa pire année en termes de performance des obligations : -4,71%. Un score plus vu depuis 1999.

Cette tendance se poursuit en 2022 : une remontée continue et forte des taux d'intérêts.

1994 : dernier krach obligataire

Pour comprendre ce qui se passe actuellement , zoom sur le dernier krach du marché obligataire qui eu lieu en 1994. La banque centrale américaine avait décidé de remonter ses taux d'intérêt de 3% à 3,25%. Elle avait alors pris le marché à contre pieds et personne n'était préparé à un cycle monétaire restrictif. En effet, il s'agissait du premier resserrement monétaire en 5 ans.

Conséquence, cela a provoqué une hausse rapide des taux avec comme corollaire une baisse des prix des obligations.  En moins d’1 an, les taux américains à 2 ans sont passés à 7,7% (+350 points de base) et ceux à 10 ans à 8% soit (+230 points de base). Cette flambée des taux s’est propagée ensuite à tout l’Europe.

Partout, les détenteurs d’obligations ont alors bradé les anciennes obligataires d’Etat qu’ils avaient en portefeuille déclenchant un gigantesque cycle de perte dans un climat de volatilité généralisé.

Que se passe-t-il aujourd’hui ?

La crise du Covid avec la fermeture partielle de l'économie chinoise suivie de  l’invasion de l'Ukraine par la Russie ont provoqué une flambée des prix: l’inflation enregistrée début 2022 aux Etats-Unis a progressé à +7,9% en février et à +7,5% en mars en Europe.

Ces poussées inflationnistes considérées comme transitoires par les économistes au départ, ont fini par inquiéter les banques centrales. Résultat, les investisseurs s'affolent et sont poussés à vendre leurs obligations car ils craignent que celles-ci ne soient plus capables d’enrayer le mouvement, malgré les hausse de taux envisagée et l'arrêt des programmes d’achat. Les hausses des taux vont certainement avoir aussi des conséquences sur la dynamique de la croissance. Le pire scénario serait une remontée forte des taux qui viendrait casser la croissance mais qui n’arriverait pas à ramener l'inflation sur son objectif initial de 2%, sur le moyen - long terme.

Krach ou pas Krach ?

Même si la tendance actuelle n’est pas exactement comparable à celle de 1994, les économistes considèrent que cette progression récente des taux en un peu plus de 2 ans  rappelle fortement celle observée lors du krach obligataire de 1994. La période actuelle ressemblerait donc fortement à ce que l’on pourrait considérer comme une sorte de krach obligataire. Des économistes affirment que nous serions près de dépasser la plus grande correction obligataire depuis les années 1990.